Rappels historiques
Il faut tout d'abord rappeler que la méditation n'est pas une technique spécifiquement bouddhique. Elle fut amplement développée et pratiquée par les ascètes indiens depuis l'âge védique jusqu'à nos jours. Elle a pu également s'enrichir de pratiques régionales, comme c'est le cas au Tibet avec les tenants de la pensée Bön ou en Chine avec la pratique du Ch'an (ou Zen au Japon).La méditation est avant tout un travail sur soi et une démarche strictement personnelle et individuelle d'introspection sans aucun support idéologique et sans aucune visée mystique.
Ceci montre bien, que le bouddhisme est fondamentalement éloigné d'une démarche doctrinale et dogmatique et est à l'opposé d'une construction intellectuelle basée sur un certain type de discours.
Dans la méditation, il est impératif de ne penser strictement à rien .
La méditation c'est une remise à zéro, c'est un repos de toutes les fonctions qui constituent le sujet. Repos, ne veut pas dire annihilation, rejet, interdit, négation, conflit ou mortification.
Au contraire, la méditation, c'est un enroulement de soi-même sur soi-même, c'est la remise en cohérence de soi, c'est le ramassement de soi avec soi (soi, étant entendu ici comme cohérence du système percepto-sensoriel tel que décrit dans l'article sur les cinq agrégats). Ce n'est surtout pas l'éparpillement, l'épanchement, la fusion, la métamorphose. Tous ces égarements relèvent plutôt de la névrose et parfois du dédoublement ou de la perte d'identité.
Il existe plusieurs types de méditation, nous ne décrivons que la méditation sur la respiration
La méditation sur la respiration Ânâpânasati
La posture
La chose la plus importante pour pourvoir démarrer la méditation, c'est la posture. Plusieurs positions sont possibles, et certaines écoles ont développé des attitudes physiques très complexes.Une fois toutes ces conditions naturelles retrouvées (ce qui peut prendre un certain temps), il est impératif de ne penser strictement à rien . Il est primordial de ne pas laisser des idées distraire cette démarche méditative. Le but n'est pas de réfléchir d'une manière relaxée à ceci ou à cela, le but n'est pas d'endosser d'une manière imaginaire la "sérénité orientale" ....; non, il ne faut penser à rien.
Il ne s'agit pas non plus de somnoler ou de rêvasser, mais d'accompagner la respiration simplement (sans lui attribuer des significations abracadabrantes de purification ou d'expulsion) et d'observer simplement ce qui se passe.
L'établissement de l'attention Satipatthana
Le niveau supérieur de la pratique de la méditation est l'établissement de l'attention. Cette pratique consiste à veiller, à prêter attention aux choses perçues, ressenties, vécues, sans juger, sans intervenir sur leur contenu ni sur leur déroulement.
Note 1Cette formulation "ne penser strictement à rien" est volontairement excessive, elle m'a été inspirée par un ami népalais, qui m'a renvoyé ça en rigolant, comme si il me disait "mais la pensée se satisfait très bien de n'avoir rien à penser". Elle exprime cette attitude particulière de la pensée qui consiste à suspendre son travail et son activité. Bien entendu "ne penser à rien" est aussi une attitude volontariste qui est contraire à la démarche de méditation, il ne s'agit en aucun cas de se forcer à ne pas penser. Cette mise au repos de la pensée consiste à une suspension de la pensée cognitive et associative, processus qui reflètent l'activité du sujet, ses projets et ses préoccupations quotidiennes.
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